Parce que pendant le confinement, le beau temps et les floraisons précoces ont permis aux abeilles de pouvoir travailler dans de belles conditions climatiques. Mais le temps n’est pas le seul responsable de cette situation. L’effet « confinement des humains » a eu un impact bénéfique sur bon nombre d’espèces animales et aussi sur les abeilles. Elles ont eu les prairies pour elles seules ainsi que les forêts. Le travail des espaces verts des villes et villages a été remis à plus tard et la nature a pu se développer de-ci de-là entre nos blocs de béton et sur le coin de nos routes. Plusieurs apiculteurs ont pu voir leur production augmenter de façon étonnante. Certains apiculteurs découragés par les résultats de ces dernières années parlent même d’une renaissance. Et puis dernièrement, nous avons fait des focus producteurs sur Hamette et Apidis, ça nous a donné envie de faire un article sur ce métier et sur les abeilles.
Les abeilles assurent, avec l’aide des autres pollinisateurs, la reproduction de plus de 80 % des espèces végétales. Elles participent à plus de 35% de la production alimentaire mondiale. En France, 20 000 personnes vivent de la filière apicole, dont 2 000 apiculteurs professionnels. Il y a également les éleveurs amateurs qui sont 98 000 en France.
Il existe trois types d’apicultures, la sédentaire, la pastorale (parfois appelée nomade ou apiculture de transhumance) et la biologique.
C’est l’apiculture où les ruches ne sont pas déménagées d’un endroit à un autre en fonction de la saison et de ce que l’on souhaite produire comme miel. L’apiculteur choisit une zone de butinage et est complétement dépendant des ressources alentours. L’apiculture sédentaire a un avantage s’il choisit bien sa zone de butinage qui doit être étendue, préservée et riche en diversité florale. Cela permet à l’apiculteur de produire des miels poly-floraux de qualité. La production est surtout du miel de printemps ou d’été.
Nous aimons tous la diversité et c’est vrai qu’un miel de fleur d’oranger aura un tout autre goût qu’un miel de printemps par exemple. Cette apiculture demande une organisation particulière. On déplace les ruches en fonction du miel que l’on veut obtenir et on le fait la nuit quand les travailleuses se reposent. Ainsi, si l’on veut du miel d’acacia, de tilleul ou de lavande, il faudra impérativement que les ruchers soient entourés de ces seuls végétaux.
Très peu représentée en France, cette apiculture est difficile à mettre en place, car comment empêcher une abeille d’aller butiner des fleurs proches de champs qui ont été traités ? De plus, la récolte doit être exempte de toute trace de résidus chimiques. Les apiculteurs faisant du bio ont une obligation de moyens, pas de résultats. Pour que l’apiculture bio se développe, il faudrait plus de terres agricoles non-traitées.
Il existe différents types de ruches usités à ce jour. La ruche à cadre est la plus courante et la plus utilisée. Elle a une organisation bien particulière et se compose de la manière suivante : le toit, la hausse, encore une hausse, le corps, le plancher et la planche d’envoi. Il y a aussi la ruche gratte-ciel qui permet d’avoir plusieurs colonies dans une même ruche. Il ne faut pas dépasser quatre reines dans ces ruches. La productivité de ces ruches est plus forte. Une ruche gratte-ciel comportant trois reines sera plus productive que trois ruches séparées. Les reines sont séparées par des grilles. Ce type de ruche demande néanmoins beaucoup de travail entre les couvains, les butineuses et les reines. La ruche sans cadre est constituée de barrettes, son toit est plat. L’apiculteur choisi d’amorcer ses barrettes ou juste de mettre un peu de cire, puis les abeilles font le reste et construisent leur ruche elles-mêmes. Et puis, nous avons les ruches paille. Le miel est récupéré dans la partie supérieure où l’abeille a construit ses rayons. Après récupération du miel, l’abeille doit reconstruire ses cellules.
On espère ne pas en arriver là… En Chine, il existe des régions qui ont vu disparaître les abeilles à cause de l’utilisation massive et non contrôlée de pesticides. Les agriculteurs sont obligés de se substituer à l’abeille pour pouvoir produire, car sans abeille, pas de pollinisation naturelle et donc pas de fruits, pas d’agriculture tout court. Comment remplace-t-on l’abeille ? On récolte le pollen à la main, on brosse les organes mâles de la fleur pour récupérer le pollen. Il faut ensuite le faire sécher pendant 48 heures. Quand le pollen est prêt, il faut passer à la pollinisation manuelle, fleur femelle par fleur femelle pour un arbre fruitier. À l’aide d’une tige munie à son extrémité d’une plume, le pollinisateur va aller de fleur en fleur déposer le précieux pollen. Un travail colossal pour un résultat qui n’est jamais garanti. Un travail que l’on paie également, car il faut beaucoup de main-d’œuvre. Une ruche peut polliniser sur une journée jusqu’à trois millions de fleurs. Un homme ne fera pas plus de 30 poiriers, ce qui est tout de même énorme quand on pense que l’homme est juché sur une échelle à quelques mètres du sol.
Prenons soin de nos abeilles, laissons-leur des espaces fleuris exempts de produits chimiques et savourons leur miel et leur pollen en se disant que cet équilibre est bien fragile.